POTUS BARACK OBAMA: Si nous avons connu le succès sous l’œil du grand public, Bruce et moi, nous nous accordons à dire que nos familles ont été le point d'ancrage le plus important au fil des ans. Nous avons été assez chanceux de rencontrer des femmes remarquables, fortes, indépendantes, pour nous pousser, nous mettre au défi, nous aider à garder les pieds sur terre, et ne jamais laisser passer nos conneries.
[La guitare électrique joue]
Des femmes qui nous ont aidées à devenir de meilleures versions de nous-mêmes, et qui nous ont forcé à continuellement ré-examiner nos priorités. Michelle et Patti nous ont aussi offert le plus beau cadeau de notre vie : la chance de devenir père. Ressentir les joies, les épreuves et la profonde humilité d'être mari et père.
[La guitare électrique joue en fond]
Nous avons passé pas mal de temps à évoquer ce que nos épouses et nos enfants continuent de nous enseigner, les valeurs que nous souhaitons transmettre, les exemples que nous voulons donner, et le pays que nous voulons leur laisser en héritage.
[La guitare électrique s'estompe]
[La guitare électrique joue]
Des femmes qui nous ont aidées à devenir de meilleures versions de nous-mêmes, et qui nous ont forcé à continuellement ré-examiner nos priorités. Michelle et Patti nous ont aussi offert le plus beau cadeau de notre vie : la chance de devenir père. Ressentir les joies, les épreuves et la profonde humilité d'être mari et père.
[La guitare électrique joue en fond]
Nous avons passé pas mal de temps à évoquer ce que nos épouses et nos enfants continuent de nous enseigner, les valeurs que nous souhaitons transmettre, les exemples que nous voulons donner, et le pays que nous voulons leur laisser en héritage.
[La guitare électrique s'estompe]
****
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
POTUS BARACK OBAMA: Nous sommes aujourd'hui des pères.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh, oui.
POTUS BARACK OBAMA: De quelle façon cette paternité t'a changé ? Avais-tu encore beaucoup à faire pour être à la hauteur de la tâche ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Ooof.
POTUS BARACK OBAMA: Est-ce qu'il y avait encore beaucoup de choses à travailler, avant d'en arriver au moment où tu t'es dit, « D'accord, voici le genre de père que je veux être ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Le problème qui se posait à moi, c'est que pendant un long, long, long moment, je n'ai pas su prendre mes responsabilités, pour tout ce qui concernait mes sentiments vis-à-vis des autres. Tout ce qu'il te reste alors, c'est la foi pour aller de l'avant, l'idée que si tu avances avec des petits pas, tu seras alors capable d'en faire un autre. Mais d’où provient cette foi ? Elle vient de l'amour dans ta vie. En ce qui me concerne, Patti a été cette prodigieuse source d'amour dans ma vie. Elle avait plus de courage affectif que moi, ce qui m'a donné suffisamment confiance pour que j'expose des pans entiers de moi-même, que je n'avais jamais exposés jusqu'alors, en me disant, « Hey, je pense que je suis arrivé à un moment dans ma vie où je peux faire en sorte que ça tienne, et ensuite, advienne que pourra. Si tout s'effondre et se délite et finit en ruines, alors c'est ce qui devait arriver ». Tu vois ? Mais si ce n'est pas le cas ? Qu'est-ce que je vais faire ? [rires] Que se passe-t-il si je me retrouve soudain avec une famille et avec un amour durable ? Qui suis-je alors ?
Toutes ces choses-là ont été posées sur la table, bien avant que je ne devienne père... Tu sais, Patti et moi, nous étions ensemble et nous nous aimions. C'était notre préoccupation du moment : construire quelque chose. J'avais 35, 36 ans. J'avançais en âge, tu vois ? Et au fond de moi, je voulais fonder une famille, et j'ai senti que je devais être honnête avec elle. Je lui ai dit, « Patti, je ne sais pas... je ne sais pas si je peux y arriver ». Et elle m'a répondu, « Et bien, nous verrons ».
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Elle m'a dit, « Ce n'est pas grave si nous avançons un jour après l'autre » Et c'est ce que nous avons fait. Et puis, je suis rentré à la maison un soir. Je crois que j'étais parti quelques jours. Et je suis entré dans la chambre, et elle m'a dit, « Oh ! Au fait, je suis enceinte ». C'est comme ça qu'elle me l'a dit [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Silence dans la salle.
BRUCE SPRINGSTEEN: Silence dans la salle.
ENSEMBLE: [rires]
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et nous étions sur le lit. Je détourne le regard. Et elle ne sait pas exactement comment je vais réagir, mais il y a un miroir derrière la porte, et elle dit, « Hey, je t'ai vu sourire » [rires] C'était vrai. Beaucoup de sourires plus tard [rires] nous y voilà, et mon garçon a bientôt 30 ans.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
POTUS BARACK OBAMA: C'est émouvant, mec.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, et bien...
BRUCE SPRINGSTEEN: Ta fille aînée a quelle âge ?
POTUS BARACK OBAMA: Malia a 22 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: 22.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
POTUS BARACK OBAMA: Sasha a 19 ans. Moi, j'ai donc rencontré Michelle alors que je travaillais pour un cabinet d'avocats pendant l'été (1). Elle était déjà avocate. Elle était plus jeune que moi, mais elle avait poursuivi ses études sans interruption. Après mes quatre années à l'université, moi j'avais bifurqué, pour devenir militant associatif. Je suis donc un étudiant en droit plus âgé qu'elle à ce moment-là. J'ai 28 ans. Elle a 25 ans. Et elle venait d'une famille parfaitement stable, et ils avaient, au-delà de ça, une grande famille, très étendue. Michelle et moi parlons souvent de l'attraction que nous avons eu l'un pour l'autre - outre qu'elle soit physiquement séduisante...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhm.
POTUS BARACK OBAMA: ...et drôle et intelligente - et Michelle a vu en moi certaines choses qu'elle n'avait pas connues pendant son enfance, à savoir l'aventure, la route...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...la prise de risque, les voyages autour du monde et... C'était attrayant pour elle. Moi, je la regardais, elle et sa famille, et je me disais, « Oh, ils semblent savoir comment faire ». J'avais dans l'idée de vouloir avec certitude que mes enfants grandissent dans un foyer plein d'amour, et j'aimais l'idée de ne pas nécessairement avoir une grande famille, mais une famille étendue. L'idée d'une communauté de membres...
BRUCE SPRINGSTEEN: Très joli, oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...qui feraient tous partie de leur vie. La famille de Michelle ressemblait beaucoup à ça. Et Michelle, elle n'était pas timide, tu sais. Assez tôt, elle m'a dit, « Écoute, j'attache beaucoup d'importance à ma carrière, mais ce que je veux vraiment, c'est être maman...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oooh.
POTUS BARACK OBAMA: ...et je suis profondément attachée à la famille ». Ce premier été où nous étions ensemble, je me suis dit, « C'est une personne avec laquelle je me vois passer le reste de ma vie ».
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et donc lorsque je suis revenu - avec mon diplôme de Droit en poche – je reviens à Chicago et je m'installe dans son appartement, qui se trouve au-dessus de celui de ses parents, dans le même immeuble. Son père était décédé entre-temps. Il avait des problèmes de santé. J'étais revenu pour être à ses côtés à cette période-là. Et j'imagine, de son point de vue, qu'elle a peut-être perçu que je n'étais pas celui qui allait avoir peur d'être là quand on a besoin de lui. Écoute, une fois que tu reviens en ville et que tu emménages chez elle, le compte à rebours commence, sinon...
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu étais dans la place [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Qu'est-ce que tu fais là ? » Mais je n'avais pas vraiment peur. Même s'il y avait une petite voix en moi – qui remonte à notre précédente conversation sur ce que c'est qu'être un homme - qui me disait que j'avais grandi dans une culture qui assénait, dans les comédies, à la télévision, dans la culture populaire : « Mec, elle va te mettre le grappin dessus...
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Elle t'a déjà alpagué »
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: « Tu dois essayer de t'échapper... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis surpris que tu n'en as pas fait un sujet plus important étant donné ton histoire.
POTUS BARACK OBAMA: Oui !
BRUCE SPRINGSTEEN: Ton histoire familiale. Je suis vraiment étonné...
POTUS BARACK OBAMA: C'est peut-être lié à la relation que nous avons eu avec notre mère ? Peut-être sommes-nous attirés par - et voulons-nous interagir avec - quelqu'un qui ne cèdera pas et ne laissera pas passer nos simagrées. Mais toi, dis-moi, selon toi, qu'est-ce qui nous a conduits sur cette voie exigeante, et finalement satisfaisante, consistant à nous unir à des femmes fortes ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que nous sommes des hommes ayant besoin de limites. Avant de rencontrer Patti, je me sentais à la dérive. J'avais une idée des valeurs qui feraient une bonne vie de famille. Mais je n'avais pas le moindre mécanisme affectif pour mettre ces choses-là en place. Et puis, comme nous l'avons dit précédemment, on m'avait appris que la vie de famille était castratrice, qu'il était gênant d'être avec une femme, que tu passais pour quelqu'un de faible.
POTUS BARACK OBAMA: Si tu avais besoin d'une femme ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, si tu avais besoin d'une femme, tu étais faible. La famille restreignait ta liberté d'homme. Je croyais à toutes ces choses-là, et je les portais en moi comme une peur énorme. Terrifié devant les liens à nouer pour construire une famille. Et, par conséquent, j'ai été destructeur dans toutes les relations amoureuses que j'ai eues, jusqu'à ce que je sois avec Patti. Il y avait quelque chose dans l'intelligence de Patti, dans sa lucidité, sa force, sa féminité, qui a supprimé une partie de cette peur que j'avais en moi. Elle m'a donné la confiance d'avoir quelqu'un sur qui je pouvais compter, face à qui je pouvais exprimer mes peurs.
POTUS BARACK OBAMA: Il y a aussi une chose dont tu dois te souvenir lorsque tu dois t'installer avec une femme forte et stimulante - c'est à dire le genre de femme qui m'attirait. Si tu vis avec elle quotidiennement, et qu'il y a des décisions à prendre concernant la carrière ou la famille, il y a chaque jour beaucoup de négociations. Et il a fallu que je sois à l'aise avec le fait que, et bien tu vois, je suis un mâle alpha, et je suis assez têtu. Et cette personne avec laquelle j'habite ? Elle a des idées bien arrêtées, elle a l'habitude de prendre des décisions, et lorsqu'elle prend la parole, on l'écoute. Et désormais, tout devenait sujet à débat.
J'ai appris que si tu n'es pas à l'aise avec ça, il y aura des périodes de heurts. Il est possible que ta femme ait son caractère, et qu'elle ne s'incline pas nécessairement pour arrondir les angles à tout prix quand la situation est tendue. Et j'ai quelques amis qui, à un moment donné, se rendent compte d'une chose : « Tu sais quoi, je me sens menacé d'être contredit ». Et souvent, ces amis se sont séparés de leur compagne, ils sont passés à un type de relation qu'ils jugeaient plus facile et plus confortable, et qui ne les obligeait pas à procéder à de trop nombreux changements. L'idée sous-jacente, c'est que la femme va céder et s'adapter, à eux, à ce qu'ils veulent, à leurs besoins. Michelle s'est assurément adaptée et a accepté de changer pour rester avec moi. Mais elle m'a aussi dit : « Mon vieux, tu vas devoir changer certaines choses toi aussi ».
Les efforts sont à faire des deux côtés. Je ne me faisais aucune illusion sur la vie de famille que je mènerais, qui ne serait pas une vie dans laquelle je serais le maître du manoir, et que j'aurais une femme folle de moi, et aux petits soins pour moi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Oui, depuis le début, je savais que ce ne serait pas le cas avec Patti -
POTUS BARACK OBAMA: Qui me préparerait mes repas et... Oui. Je... Ce ne serait pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: ...une option.
[La guitare électrique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Nous sommes aujourd'hui des pères.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh, oui.
POTUS BARACK OBAMA: De quelle façon cette paternité t'a changé ? Avais-tu encore beaucoup à faire pour être à la hauteur de la tâche ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Ooof.
POTUS BARACK OBAMA: Est-ce qu'il y avait encore beaucoup de choses à travailler, avant d'en arriver au moment où tu t'es dit, « D'accord, voici le genre de père que je veux être ? »
BRUCE SPRINGSTEEN: Le problème qui se posait à moi, c'est que pendant un long, long, long moment, je n'ai pas su prendre mes responsabilités, pour tout ce qui concernait mes sentiments vis-à-vis des autres. Tout ce qu'il te reste alors, c'est la foi pour aller de l'avant, l'idée que si tu avances avec des petits pas, tu seras alors capable d'en faire un autre. Mais d’où provient cette foi ? Elle vient de l'amour dans ta vie. En ce qui me concerne, Patti a été cette prodigieuse source d'amour dans ma vie. Elle avait plus de courage affectif que moi, ce qui m'a donné suffisamment confiance pour que j'expose des pans entiers de moi-même, que je n'avais jamais exposés jusqu'alors, en me disant, « Hey, je pense que je suis arrivé à un moment dans ma vie où je peux faire en sorte que ça tienne, et ensuite, advienne que pourra. Si tout s'effondre et se délite et finit en ruines, alors c'est ce qui devait arriver ». Tu vois ? Mais si ce n'est pas le cas ? Qu'est-ce que je vais faire ? [rires] Que se passe-t-il si je me retrouve soudain avec une famille et avec un amour durable ? Qui suis-je alors ?
Toutes ces choses-là ont été posées sur la table, bien avant que je ne devienne père... Tu sais, Patti et moi, nous étions ensemble et nous nous aimions. C'était notre préoccupation du moment : construire quelque chose. J'avais 35, 36 ans. J'avançais en âge, tu vois ? Et au fond de moi, je voulais fonder une famille, et j'ai senti que je devais être honnête avec elle. Je lui ai dit, « Patti, je ne sais pas... je ne sais pas si je peux y arriver ». Et elle m'a répondu, « Et bien, nous verrons ».
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Elle m'a dit, « Ce n'est pas grave si nous avançons un jour après l'autre » Et c'est ce que nous avons fait. Et puis, je suis rentré à la maison un soir. Je crois que j'étais parti quelques jours. Et je suis entré dans la chambre, et elle m'a dit, « Oh ! Au fait, je suis enceinte ». C'est comme ça qu'elle me l'a dit [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Silence dans la salle.
BRUCE SPRINGSTEEN: Silence dans la salle.
ENSEMBLE: [rires]
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et nous étions sur le lit. Je détourne le regard. Et elle ne sait pas exactement comment je vais réagir, mais il y a un miroir derrière la porte, et elle dit, « Hey, je t'ai vu sourire » [rires] C'était vrai. Beaucoup de sourires plus tard [rires] nous y voilà, et mon garçon a bientôt 30 ans.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
POTUS BARACK OBAMA: C'est émouvant, mec.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, et bien...
BRUCE SPRINGSTEEN: Ta fille aînée a quelle âge ?
POTUS BARACK OBAMA: Malia a 22 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: 22.
[Bruce Springsteen joue doucement de la guitare acoustique]
POTUS BARACK OBAMA: Sasha a 19 ans. Moi, j'ai donc rencontré Michelle alors que je travaillais pour un cabinet d'avocats pendant l'été (1). Elle était déjà avocate. Elle était plus jeune que moi, mais elle avait poursuivi ses études sans interruption. Après mes quatre années à l'université, moi j'avais bifurqué, pour devenir militant associatif. Je suis donc un étudiant en droit plus âgé qu'elle à ce moment-là. J'ai 28 ans. Elle a 25 ans. Et elle venait d'une famille parfaitement stable, et ils avaient, au-delà de ça, une grande famille, très étendue. Michelle et moi parlons souvent de l'attraction que nous avons eu l'un pour l'autre - outre qu'elle soit physiquement séduisante...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhm.
POTUS BARACK OBAMA: ...et drôle et intelligente - et Michelle a vu en moi certaines choses qu'elle n'avait pas connues pendant son enfance, à savoir l'aventure, la route...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...la prise de risque, les voyages autour du monde et... C'était attrayant pour elle. Moi, je la regardais, elle et sa famille, et je me disais, « Oh, ils semblent savoir comment faire ». J'avais dans l'idée de vouloir avec certitude que mes enfants grandissent dans un foyer plein d'amour, et j'aimais l'idée de ne pas nécessairement avoir une grande famille, mais une famille étendue. L'idée d'une communauté de membres...
BRUCE SPRINGSTEEN: Très joli, oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...qui feraient tous partie de leur vie. La famille de Michelle ressemblait beaucoup à ça. Et Michelle, elle n'était pas timide, tu sais. Assez tôt, elle m'a dit, « Écoute, j'attache beaucoup d'importance à ma carrière, mais ce que je veux vraiment, c'est être maman...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oooh.
POTUS BARACK OBAMA: ...et je suis profondément attachée à la famille ». Ce premier été où nous étions ensemble, je me suis dit, « C'est une personne avec laquelle je me vois passer le reste de ma vie ».
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et donc lorsque je suis revenu - avec mon diplôme de Droit en poche – je reviens à Chicago et je m'installe dans son appartement, qui se trouve au-dessus de celui de ses parents, dans le même immeuble. Son père était décédé entre-temps. Il avait des problèmes de santé. J'étais revenu pour être à ses côtés à cette période-là. Et j'imagine, de son point de vue, qu'elle a peut-être perçu que je n'étais pas celui qui allait avoir peur d'être là quand on a besoin de lui. Écoute, une fois que tu reviens en ville et que tu emménages chez elle, le compte à rebours commence, sinon...
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu étais dans la place [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Qu'est-ce que tu fais là ? » Mais je n'avais pas vraiment peur. Même s'il y avait une petite voix en moi – qui remonte à notre précédente conversation sur ce que c'est qu'être un homme - qui me disait que j'avais grandi dans une culture qui assénait, dans les comédies, à la télévision, dans la culture populaire : « Mec, elle va te mettre le grappin dessus...
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment [rires]
POTUS BARACK OBAMA: « Elle t'a déjà alpagué »
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: « Tu dois essayer de t'échapper... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Je suis surpris que tu n'en as pas fait un sujet plus important étant donné ton histoire.
POTUS BARACK OBAMA: Oui !
BRUCE SPRINGSTEEN: Ton histoire familiale. Je suis vraiment étonné...
POTUS BARACK OBAMA: C'est peut-être lié à la relation que nous avons eu avec notre mère ? Peut-être sommes-nous attirés par - et voulons-nous interagir avec - quelqu'un qui ne cèdera pas et ne laissera pas passer nos simagrées. Mais toi, dis-moi, selon toi, qu'est-ce qui nous a conduits sur cette voie exigeante, et finalement satisfaisante, consistant à nous unir à des femmes fortes ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Je pense que nous sommes des hommes ayant besoin de limites. Avant de rencontrer Patti, je me sentais à la dérive. J'avais une idée des valeurs qui feraient une bonne vie de famille. Mais je n'avais pas le moindre mécanisme affectif pour mettre ces choses-là en place. Et puis, comme nous l'avons dit précédemment, on m'avait appris que la vie de famille était castratrice, qu'il était gênant d'être avec une femme, que tu passais pour quelqu'un de faible.
POTUS BARACK OBAMA: Si tu avais besoin d'une femme ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, si tu avais besoin d'une femme, tu étais faible. La famille restreignait ta liberté d'homme. Je croyais à toutes ces choses-là, et je les portais en moi comme une peur énorme. Terrifié devant les liens à nouer pour construire une famille. Et, par conséquent, j'ai été destructeur dans toutes les relations amoureuses que j'ai eues, jusqu'à ce que je sois avec Patti. Il y avait quelque chose dans l'intelligence de Patti, dans sa lucidité, sa force, sa féminité, qui a supprimé une partie de cette peur que j'avais en moi. Elle m'a donné la confiance d'avoir quelqu'un sur qui je pouvais compter, face à qui je pouvais exprimer mes peurs.
POTUS BARACK OBAMA: Il y a aussi une chose dont tu dois te souvenir lorsque tu dois t'installer avec une femme forte et stimulante - c'est à dire le genre de femme qui m'attirait. Si tu vis avec elle quotidiennement, et qu'il y a des décisions à prendre concernant la carrière ou la famille, il y a chaque jour beaucoup de négociations. Et il a fallu que je sois à l'aise avec le fait que, et bien tu vois, je suis un mâle alpha, et je suis assez têtu. Et cette personne avec laquelle j'habite ? Elle a des idées bien arrêtées, elle a l'habitude de prendre des décisions, et lorsqu'elle prend la parole, on l'écoute. Et désormais, tout devenait sujet à débat.
J'ai appris que si tu n'es pas à l'aise avec ça, il y aura des périodes de heurts. Il est possible que ta femme ait son caractère, et qu'elle ne s'incline pas nécessairement pour arrondir les angles à tout prix quand la situation est tendue. Et j'ai quelques amis qui, à un moment donné, se rendent compte d'une chose : « Tu sais quoi, je me sens menacé d'être contredit ». Et souvent, ces amis se sont séparés de leur compagne, ils sont passés à un type de relation qu'ils jugeaient plus facile et plus confortable, et qui ne les obligeait pas à procéder à de trop nombreux changements. L'idée sous-jacente, c'est que la femme va céder et s'adapter, à eux, à ce qu'ils veulent, à leurs besoins. Michelle s'est assurément adaptée et a accepté de changer pour rester avec moi. Mais elle m'a aussi dit : « Mon vieux, tu vas devoir changer certaines choses toi aussi ».
Les efforts sont à faire des deux côtés. Je ne me faisais aucune illusion sur la vie de famille que je mènerais, qui ne serait pas une vie dans laquelle je serais le maître du manoir, et que j'aurais une femme folle de moi, et aux petits soins pour moi.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm. Oui, depuis le début, je savais que ce ne serait pas le cas avec Patti -
POTUS BARACK OBAMA: Qui me préparerait mes repas et... Oui. Je... Ce ne serait pas...
BRUCE SPRINGSTEEN: Non.
POTUS BARACK OBAMA: ...une option.
[La guitare électrique joue en fond]
****
BRUCE SPRINGSTEEN: J'ai découvert, avec Patti, qu'elle essayait de définir pour moi un sens plus large de la virilité et de la masculinité, un sens plus libre. Et j'étais effrayé...
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: ...de faire la connaissance de quelqu'un qui pouvait me changer.
POTUS BARACK OBAMA: Mmmm.
[La guitare électrique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et qui pouvait m'aider à me changer moi-même. C'est une grande influence à accueillir dans une vie. Mais tu réalises que si tu ne le fais pas, tu n'auras pas une vie épanouie, tu vois ?
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
[La guitare électrique s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est un Catch-22 (2)
POTUS BARACK OBAMA: Peut-être qu'en ayant une mère et une grand-mère qui étaient les figures adultes de ma famille, et sur lesquelles je comptais le plus et que je respectais le plus, il était pour moi naturel de considérer les femmes comme des égales, comme des amies, comme des partenaires de travail.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ou des partenaires de jeu. Ce qui signifiait également que le type de relation où une femme cligne des yeux devant toi ou me dit que je suis merveilleux... Quel ennui ! Je ne pouvais pas le prendre au sérieux, car ma grand-mère n'était certainement pas comme ça, et ma mère n'était certainement pas comme ça. J'attendais d'être défié. J'attendais d'être questionné. Et les femmes que j'ai trouvé les plus intéressantes, les plus attirantes, ont été celles qui m'intéressaient grâce ce qu'elles avaient en tête. Je ne dis pas que je nétais pas insensible à leur physique...
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment.
POTUS BARACK OBAMA: Mais leur capacité à me faire rire, leur capacité à me faire voir quelque chose que je n'avais pas vu avant, leur capacité à me forcer à m'interroger sur celui que j'étais et ce que je voulais...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...ce que j'attendais. C'est autour de ces notions-là que je gravitais naturellement. Et puis, je ne sais pas... J'aimais l'idée qu'il y ait de la difficulté.
BRUCE SPRINGSTEEN: Hey, très similaire à ma rouquine, qui est là-bas.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, absolument.
BRUCE SPRINGSTEEN: Patti a eu beaucoup de copains.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et elle a brisé beaucoup de cœurs.
POTUS BARACK OBAMA: Beaucoup de cœurs brisés dans son sillage.
BRUCE SPRINGSTEEN: Dans son sillage.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'étais dans les parages [rires] Je me suis dit, « Mince, elle vit comme je vis ». Dans la manière qu'elle avait d'aborder ses relations, et de ne pas s'attacher. Elle ne voulait pas... Elle ne voulait pas de fil à la patte, tu vois [rires] Et j'ai trouvé que c'était attirant chez elle.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'ai découvert que... « Tu sais quoi ? J'ai besoin de quelqu’un avec ce type de pouvoir ».
POTUS BARACK OBAMA: Voilà une personne qui est mon égal, et qui me fera toujours penser en grand, et même si je suis fâché...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...même si nous nous disputons, je pourrais dire, « Oui, mais c'est quelqu'un ». Tu vois ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Point barre [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Point barre. Un point c'est tout. Parce que pour moi, si tu n'as pas au minimum ça, alors tu ne peux pas résister aux tempêtes, si tu dois fonder une famille, si tu ne choisis pas un partenaire dont tu as pleine confiance dans sa capacité à transmettre à tes enfants de la force, et des valeurs, et du bon sens, et de l'intelligence.
Et lorsque je regardais Michelle, je pouvais dire qu'elle était unique en son genre. Je ne connaissais personne comme elle. J'avais même en tête que si notre mariage n'avait pas fonctionné, je l'aurais toujours admiré et respecté, et qu'en étant avec elle, j'aurais... Je ne l'aurais jamais regretté. Donc, oui, cet été-là, je lui ai demandé de m'épouser lorsque j'ai déménagé.
[La guitare électrique joue]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et quel âge avais-tu à ce moment-là ?
POTUS BARACK OBAMA: J'avais 31 ans. Et puis, nous avons eu cette belle période de trois ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Où elle menait sa carrière. Je menais la mienne. Et puis nous avons essayé d'avoir des enfants. Ce qui nous a pris du temps. Michelle a fait deux fausses couches.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ooh.
POTUS BARACK OBAMA: Et nous avons été obligés d'y travailler. Et lorsque Malia est née, nous étions plus que prêts à être parents.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oooh.
POTUS BARACK OBAMA: Parce qu'il y avait eu six années au cours desquelles...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je te comprends.
POTUS BARACK OBAMA: ...probablement la moitié, où nous avons essayé... Il n'y avait donc aucune surprise. Nous ne nous sommes pas dit, « Tu es sûr ? » Mais je n'ai eu aucun doute à la minute où j'ai vu cette petite créature.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Oh, mec.
POTUS BARACK OBAMA: Avec ces grands yeux qui me regardent, je me dit, « Mon Dieu, je ferai n'importe quoi pour elle ».
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je sais.
POTUS BARACK OBAMA: Et lorsque la deuxième est arrivée, lorsque Sasha est apparue, j'ai ressenti exactement la même chose, et l'amour paternel, je n'ai pas eu à me forcer pour l'éprouver.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Oh non, c'est implicite.
POTUS BARACK OBAMA: C'était physique, c'était émotionnel, spirituel. Cet attachement à mes enfants que je sentais entièrement et complètement. Et je me disais, « D'accord. Si la base est l'amour inconditionnel, alors je l'ai »
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est quelque chose que je n'avais pas. Lorsque Patti était enceinte de plusieurs mois, nous avons eu un problème. Elle perdait du sang. Nous allons donc voir les médecins, rentrons dans le cabinet. Je suis là et soudain, je réalise, « Il n'y a rien que je ne pourrais faire au monde, là maintenant. Si quelqu'un me dit, il y a un lion dans le couloir, pouvez-vous s'il vous plaît le faire sortir (rires) de l’hôpital... il y a un ours... Il n'y avait rien que je n'aurais pu faire pour que Patti et le bébé soient en bonne santé.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'était...
POTUS BARACK OBAMA: Viscéral.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'était viscéral. Et c'était ma première rencontre avec l'amour inconditionnel. Il y avait une... J'ai senti un amour sans peur pour la première fois de ma vie. La première fois de ma vie. Je ne pensais pas... Je ne savais pas que j'aurais été capable de ressentir cette émotion-là.
[Le synthétiseur joue calmement en fond]
Tout ce que je voulais, c'est être l'homme dont ma femme et Evan - qui est né en premier - ont besoin.
POTUS BARACK OBAMA: Tu ne voulais pas les décevoir.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu ne veux pas les décevoir.
POTUS BARACK OBAMA: Et l'idée de décevoir...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...ta famille, et ne pas être là, et faire des choses justes, tu ne peux... tu ne pouvais pas le tolérer. Je me suis dit, « Ugh, ce serait... ce serait... »
[Le synthétiseur joue calmement en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et je pense que la question qui se pose, c'est « Suis-je capable de ne pas décevoir ? »
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je n'étais pas certain. Tu n'es jamais complètement certain, je suppose.
POTUS BARACK OBAMA: Tout à fait.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais après la naissance des enfants, tu commences à trouver les ressources que tu as en toi, et tu ne savais même pas qu'elles étaient là en toi. C'est un cadeau que tu reçois de tes enfants et de ta femme. La reconnaissance d'un nouveau soi. Et la prise de conscience de ta masculinité. C'était énooorme. Je me suis réveillé. Je me sentais comme quelqu'un, pas nécessairement différent, mais quelqu'un qui avait avancé, bien plus loin sur une route que je ne pensais peut-être jamais parcourir.
[Le synthétiseur s'estompe]
[PAUSE]
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: ...de faire la connaissance de quelqu'un qui pouvait me changer.
POTUS BARACK OBAMA: Mmmm.
[La guitare électrique joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et qui pouvait m'aider à me changer moi-même. C'est une grande influence à accueillir dans une vie. Mais tu réalises que si tu ne le fais pas, tu n'auras pas une vie épanouie, tu vois ?
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
[La guitare électrique s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est un Catch-22 (2)
POTUS BARACK OBAMA: Peut-être qu'en ayant une mère et une grand-mère qui étaient les figures adultes de ma famille, et sur lesquelles je comptais le plus et que je respectais le plus, il était pour moi naturel de considérer les femmes comme des égales, comme des amies, comme des partenaires de travail.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ou des partenaires de jeu. Ce qui signifiait également que le type de relation où une femme cligne des yeux devant toi ou me dit que je suis merveilleux... Quel ennui ! Je ne pouvais pas le prendre au sérieux, car ma grand-mère n'était certainement pas comme ça, et ma mère n'était certainement pas comme ça. J'attendais d'être défié. J'attendais d'être questionné. Et les femmes que j'ai trouvé les plus intéressantes, les plus attirantes, ont été celles qui m'intéressaient grâce ce qu'elles avaient en tête. Je ne dis pas que je nétais pas insensible à leur physique...
BRUCE SPRINGSTEEN: Évidemment.
POTUS BARACK OBAMA: Mais leur capacité à me faire rire, leur capacité à me faire voir quelque chose que je n'avais pas vu avant, leur capacité à me forcer à m'interroger sur celui que j'étais et ce que je voulais...
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: ...ce que j'attendais. C'est autour de ces notions-là que je gravitais naturellement. Et puis, je ne sais pas... J'aimais l'idée qu'il y ait de la difficulté.
BRUCE SPRINGSTEEN: Hey, très similaire à ma rouquine, qui est là-bas.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, absolument.
BRUCE SPRINGSTEEN: Patti a eu beaucoup de copains.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et elle a brisé beaucoup de cœurs.
POTUS BARACK OBAMA: Beaucoup de cœurs brisés dans son sillage.
BRUCE SPRINGSTEEN: Dans son sillage.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'étais dans les parages [rires] Je me suis dit, « Mince, elle vit comme je vis ». Dans la manière qu'elle avait d'aborder ses relations, et de ne pas s'attacher. Elle ne voulait pas... Elle ne voulait pas de fil à la patte, tu vois [rires] Et j'ai trouvé que c'était attirant chez elle.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'ai découvert que... « Tu sais quoi ? J'ai besoin de quelqu’un avec ce type de pouvoir ».
POTUS BARACK OBAMA: Voilà une personne qui est mon égal, et qui me fera toujours penser en grand, et même si je suis fâché...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...même si nous nous disputons, je pourrais dire, « Oui, mais c'est quelqu'un ». Tu vois ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Point barre [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Point barre. Un point c'est tout. Parce que pour moi, si tu n'as pas au minimum ça, alors tu ne peux pas résister aux tempêtes, si tu dois fonder une famille, si tu ne choisis pas un partenaire dont tu as pleine confiance dans sa capacité à transmettre à tes enfants de la force, et des valeurs, et du bon sens, et de l'intelligence.
Et lorsque je regardais Michelle, je pouvais dire qu'elle était unique en son genre. Je ne connaissais personne comme elle. J'avais même en tête que si notre mariage n'avait pas fonctionné, je l'aurais toujours admiré et respecté, et qu'en étant avec elle, j'aurais... Je ne l'aurais jamais regretté. Donc, oui, cet été-là, je lui ai demandé de m'épouser lorsque j'ai déménagé.
[La guitare électrique joue]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et quel âge avais-tu à ce moment-là ?
POTUS BARACK OBAMA: J'avais 31 ans. Et puis, nous avons eu cette belle période de trois ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Où elle menait sa carrière. Je menais la mienne. Et puis nous avons essayé d'avoir des enfants. Ce qui nous a pris du temps. Michelle a fait deux fausses couches.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ooh.
POTUS BARACK OBAMA: Et nous avons été obligés d'y travailler. Et lorsque Malia est née, nous étions plus que prêts à être parents.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oooh.
POTUS BARACK OBAMA: Parce qu'il y avait eu six années au cours desquelles...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je te comprends.
POTUS BARACK OBAMA: ...probablement la moitié, où nous avons essayé... Il n'y avait donc aucune surprise. Nous ne nous sommes pas dit, « Tu es sûr ? » Mais je n'ai eu aucun doute à la minute où j'ai vu cette petite créature.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Oh, mec.
POTUS BARACK OBAMA: Avec ces grands yeux qui me regardent, je me dit, « Mon Dieu, je ferai n'importe quoi pour elle ».
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je sais.
POTUS BARACK OBAMA: Et lorsque la deuxième est arrivée, lorsque Sasha est apparue, j'ai ressenti exactement la même chose, et l'amour paternel, je n'ai pas eu à me forcer pour l'éprouver.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Oh non, c'est implicite.
POTUS BARACK OBAMA: C'était physique, c'était émotionnel, spirituel. Cet attachement à mes enfants que je sentais entièrement et complètement. Et je me disais, « D'accord. Si la base est l'amour inconditionnel, alors je l'ai »
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est quelque chose que je n'avais pas. Lorsque Patti était enceinte de plusieurs mois, nous avons eu un problème. Elle perdait du sang. Nous allons donc voir les médecins, rentrons dans le cabinet. Je suis là et soudain, je réalise, « Il n'y a rien que je ne pourrais faire au monde, là maintenant. Si quelqu'un me dit, il y a un lion dans le couloir, pouvez-vous s'il vous plaît le faire sortir (rires) de l’hôpital... il y a un ours... Il n'y avait rien que je n'aurais pu faire pour que Patti et le bébé soient en bonne santé.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'était...
POTUS BARACK OBAMA: Viscéral.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'était viscéral. Et c'était ma première rencontre avec l'amour inconditionnel. Il y avait une... J'ai senti un amour sans peur pour la première fois de ma vie. La première fois de ma vie. Je ne pensais pas... Je ne savais pas que j'aurais été capable de ressentir cette émotion-là.
[Le synthétiseur joue calmement en fond]
Tout ce que je voulais, c'est être l'homme dont ma femme et Evan - qui est né en premier - ont besoin.
POTUS BARACK OBAMA: Tu ne voulais pas les décevoir.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu ne veux pas les décevoir.
POTUS BARACK OBAMA: Et l'idée de décevoir...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...ta famille, et ne pas être là, et faire des choses justes, tu ne peux... tu ne pouvais pas le tolérer. Je me suis dit, « Ugh, ce serait... ce serait... »
[Le synthétiseur joue calmement en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et je pense que la question qui se pose, c'est « Suis-je capable de ne pas décevoir ? »
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je n'étais pas certain. Tu n'es jamais complètement certain, je suppose.
POTUS BARACK OBAMA: Tout à fait.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mais après la naissance des enfants, tu commences à trouver les ressources que tu as en toi, et tu ne savais même pas qu'elles étaient là en toi. C'est un cadeau que tu reçois de tes enfants et de ta femme. La reconnaissance d'un nouveau soi. Et la prise de conscience de ta masculinité. C'était énooorme. Je me suis réveillé. Je me sentais comme quelqu'un, pas nécessairement différent, mais quelqu'un qui avait avancé, bien plus loin sur une route que je ne pensais peut-être jamais parcourir.
[Le synthétiseur s'estompe]
[PAUSE]
****
[Le piano joue]
POTUS BARACK OBAMA: Il me semble que c'est une étape qui, à mon sens, change profondément l'idée de ce que ça signifie être un homme. Lorsque j'ai eu Malia, je n'étais pas seulement absorbé et fasciné par l'amour de ce rayon de soleil, et par cette femme qui avait tout traversé [rires] pour m'apporter cette joie. Je pense qu'il y avait aussi cette idée de se dire, oh papa va vouloir passer du temps avec les enfants et va vouloir...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmmm. Idéalement [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...leur faire faire le rot et changer les couches.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et, j'ai pris le relais la nuit.
BRUCE SPRINGSTEEN: Comme moi [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Parce que j'étais un oiseau de nuit.
BRUCE SPRINGSTEEN: Comme moi [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et il y avait du lait maternel dans le congélateur.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: J'avais une liste d'instructions et à minuit, à deux heures du matin, je leur faisais la petite tape sur le dos.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et je les nourrissais.
[Le piano joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aimais tout ça...
POTUS BARACK OBAMA: Et je les mettais sur mes genoux, et elles me regardaient, et je leur lisais une histoire ou je leur parlais.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, j'aimais aller...
POTUS BARACK OBAMA: Je jouais de la musique pour elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Et je pense que ces bonheurs-là étaient, de la même façon que... Pendant longtemps, les hommes ne pouvaient pas voir l'accouchement, non ? Comme si c'était tabou.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, ils ne te laissaient pas entrer.
POTUS BARACK OBAMA: J'ai complètement adoré, et le timing était parfait lorsque Malia est née. C'est un bébé du 04 juillet.
[Le piano s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Wow.
POTUS BARACK OBAMA: La législature était terminée. J'étais déjà élu au Sénat de l’État (1) à ce moment-là. J'avais terminé mon école de Droit. J'enseignais le Droit. Je pouvais mettre de côté ma pratique du Droit. J'avais donc tout le temps pour m'y complaire.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est bien.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis Sasha est née. C'était un bébé de l'été, la même chose. Après, il y a une chose sur laquelle je devais me battre, et Michelle m'a mis au défi. Et ce défi de la paternité pour moi, c'était que la nature de mon travail était éreintant, il étouffait tout le reste, et j'étais souvent parti sur la route. Pour moi, l'investissement émotionnel dans la paternité n'a jamais été difficile. Il n'y a rien que j'aimais plus que traîner avec mes enfants. Les écouter alors qu'elles grandissaient, qu'elles commençaient à avoir leur propre petite perspective et leur découverte du monde.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: [rires] La redécouverte de l'émerveillement qu'elles apportent avec elles. Regarder une feuille... ou un escargot....
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ou poser des questions sur pourquoi ceci et pourquoi cela.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: Toutes ces choses-là. Et j'aimais les livres d'enfants, j'aimais les films pour enfants. J'étais à fond dedans.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais ce que j'allais dire, en fait, c'est que lorsque l'été était terminé, finalement, je devais descendre au Sénat à Springfield, Illinois, à trois heures de route en voiture. Et lorsque je revenais, j'avais des réunions en mairie.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et j'ai... Et puis, je me présente aux élections, et puis tu sais... Je partais cinq jours d'affilée. Et du point de vue de Michelle, la famille n'était pas qu'une question d'amour, ce n'était pas qu'une question d'être présent lorsque tu es là. Pour elle, il s'agissait d'être physiquement présent, car tu as fait des choix et que tu as organisé ta vie pour être encore plus souvent avec ta famille.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Tu as donc eu tes enfants assez jeune dans ta vie professionnelle.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord, moi j'ai eu mes enfants relativement tard dans ma carrière.
POTUS BARACK OBAMA: Tu étais suffisamment bien établi, tu pouvais déterminer ton propre calendrier.
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Tu te disais que si tu ne voulais pas partir en tournée maintenant, tu n'avais pas à partir.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'étais déjà arrivé au sommet de la montagne et même de l'autre côté. Tu comprends ?
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je me disais... J'ai eu un certain succès que je n'allais plus retrouver et que je n'attendais pas à avoir à nouveau, que je ne cherchais pas à retrouver. J'étais heureux à présent, j'étais un musicien qui travaillait, qui jouait, et j'avais réellement mis tout ça de côté, avant même que Patti et moi soyons ensemble.
POTUS BARACK OBAMA: C'est intéressant. Oui, ça a du sens.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui. J'étais arrivé à un moment de ma vie où ma relation, et la famille, étaient devenues une priorité, et je pouvais m'y consacrer parce que j'en étais là où j'étais dans ma carrière.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et puis, tu es un musicien... Les musiciens définissent leur propre calendrier lorsqu'ils ont un certain succès.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu te lèves quand tu veux. Tu vas en studio quand tu veux. Tu sors ton disque quand tu veux. Tu vas où tu veux. Tu rentres à la maison quand tu veux. Tu peux dire, « Je vais partir trois jours, je vais partir trois mois ». Mais tu sais que si je pars trois mois, quand je rentre, je dois m'expliquer.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Quand je pars trois jours, tout va bien quand je rentre. Il vaut mieux commencer par partir trois jours !
POTUS BARACK OBAMA: C'est un meilleur choix.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous sommes arrivés à la conclusion, du style, « A chaque fois que tu pars plus de trois semaines, c'est pas bien ». Mais pour un musicien en tournée, ce n'est pas beaucoup. Mais ce que nous savions tous les deux, c'était que lorsque nous dépassions un certain point, ce n'était pas bénéfique pour notre couple.
POTUS BARACK OBAMA: Mhmm.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous avons commencé... oups... à vivre des vies séparées. Tout ce qui contribuait à maintenir... à améliorer la stabilité, je souhaitais l'intégrer dans ma vie. Je ne voulais plus des choses qui déstabilisaient ma vie, je n'en voulais plus dans ma vie, parce qu'elles m'empoisonneront.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et elles empoisonneront mon magnifique amour, tu vois ? Et nous avons donc patiemment résolu ensemble ces choses-là.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et tu sais qu'en faisant des erreurs... Et tu es le roi sur la route. Tout le monde veut te dire, « Oui ! ».
POTUS BARACK OBAMA: Et tu n'es pas le roi dans ton royaume.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non. Sur la route, c'est « Comment puis-je t'être utile ? »
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: « Que puis-je faire pour te rendre plus heureux ? Que puis-je donner ? Oh ! Quoi... Ma maison ! Là voilà, prends-là ! Ma copine – Prends ma copine ! » Tu vois... [rires] C'est comme si tout le monde se disait, « Que puis-je donner à l'homme qui écrit des chansons que tout le monde chante ? » [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu es là, et tu te dis, « Ah, ahh, ce n'est pas si mal... Qu'est-ce que tu en sais ! » Mais quand tu rentres, tu n'es plus le roi.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu es le chauffeur ! Tu es le cuisinier le matin. Et le truc, c'est que tu dois être à ta place dans ta vie.
POTUS BARACK OBAMA: Ce dont tu parles, de ton calendrier, et de là où tu en es dans ta carrière, c'est une différence avec moi. Parce que nous avons les enfants, et en l'espace de deux ou trois ans, je suis soudainement catapulté. Sasha avait... Lorsque je me présente au Sénat, Sasha n'a que 3 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Wow.
POTUS BARACK OBAMA: Lorsque je suis intronisé au Sénat américain, Sasha a 4 ans et Malia 8. Quelque chose comme ça. Trois ans plus tard, je suis président des États-Unis d'Amérique, et dans l'intérim, pendant une année et demi, je suis sur la route, pas pour trois semaines d'affilée mais pour...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...la plupart du temps.
[La guitare électrique joue en fond]
[Archive de campagne du Sénateur Obama s'adressant à une foule: « Regardez, regardez-vous tous. Regardez-vous tous ! (applaudissements) Mon Dieu]
POTUS BARACK OBAMA: Et c'était dur.
[Archive de campagne du Sénateur Obama s'adressant à une foule: « Nous avons deux autres types par ici... Ce sont les forces vives de cette campagne. Les volontaires comme vous...]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, le poids que j'ai mis sur Michelle était énorme.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
[La guitare électrique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Parce qu'elle était calme. Ce n'est pas comme si je ramenais beaucoup d'argent à la maison, ce qui lui aurait permis de souffler un peu. Elle continuait à travailler, à plein temps au départ, et puis à mi-temps quand j'ai commencé la campagne présidentielle. Voilà une femme intelligente et accomplie, avec sa propre carrière, qui doit à présent s'ajuster à mes folles ambitions.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu le sais...
POTUS BARACK OBAMA: Mes filles me manquaient terriblement. Les six premiers mois où je fais campagne, je suis malheureux, parce que ma famille me manque vraiment. Et ce n'est que grâce à la capacité héroïque de Michelle à tout organiser à la maison et à l'incroyable cadeau de mes filles qui aimaient leur père quoi qu'il en soit, que nous avons traversé cette période-là.
[La guitare électrique s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Ce que je n'avais pas anticipé, c'est le fait de pouvoir passer plus de temps avec mes enfants une fois Président.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Parce que maintenant, j'habite au-dessus du magasin.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est exact [rires]
POTUS BARACK OBAMA: 30 secondes de trajet entre chez moi et le bureau. Et j'ai donc défini des règles : je dîne avec ma famille à 18 heures 30 chaque soir, à moins d'être en voyage. Mais mon agenda était très différent, parce qu'à partir de ce moment-là, ce sont les autres qui se déplacent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et donc, à moins d'être à l'étranger, je suis à la maison à 18 heures 30 pour le dîner.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et je suis donc assis là et je suis complètement absorbé par les histoires sur les garçons ennuyants et les professeurs bizarres et le drame à la cafétéria, lisant Harry Potter et les bordant et écoutant la musique qu'elles écoutaient.
[La guitare joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Et c'était ma ligne de vie. Avec une activité où tu jongles quotidiennement entre le désordre, le chaos, les crises, la mort, la destruction...
BRUCE SPRINGSTEEN: Que Dieu bénisse...
POTUS BARACK OBAMA: ...les catastrophes naturelles. Et je dis toujours que le degré avec lequel Michelle et les filles se sont sacrifiées et m'ont portées, m'a permis de continuer à...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
[La guitare joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: ...à m'empêcher, soit de devenir cynique ou soit désespéré. Elles me rappelaient la raison pour laquelle je faisais ce que je faisais.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et elles m'ont poussées parce que ce que j'ai accompli, ce job, ce travail, il avait intérêt à valoir le coup...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Il fallait que ça justifie le temps que j'ai passé loin d'elle et les fêtes d'anniversaire ou les parties de foot ou tout ce que j'ai manqué. Tu sais, il y avait intérêt à ce que ce ne soit pas pour rien.
[La guitare s'estompe]
[PAUSE]
POTUS BARACK OBAMA: Il me semble que c'est une étape qui, à mon sens, change profondément l'idée de ce que ça signifie être un homme. Lorsque j'ai eu Malia, je n'étais pas seulement absorbé et fasciné par l'amour de ce rayon de soleil, et par cette femme qui avait tout traversé [rires] pour m'apporter cette joie. Je pense qu'il y avait aussi cette idée de se dire, oh papa va vouloir passer du temps avec les enfants et va vouloir...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmmm. Idéalement [rires]
POTUS BARACK OBAMA: ...leur faire faire le rot et changer les couches.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et, j'ai pris le relais la nuit.
BRUCE SPRINGSTEEN: Comme moi [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Parce que j'étais un oiseau de nuit.
BRUCE SPRINGSTEEN: Comme moi [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et il y avait du lait maternel dans le congélateur.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: J'avais une liste d'instructions et à minuit, à deux heures du matin, je leur faisais la petite tape sur le dos.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et je les nourrissais.
[Le piano joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: J'aimais tout ça...
POTUS BARACK OBAMA: Et je les mettais sur mes genoux, et elles me regardaient, et je leur lisais une histoire ou je leur parlais.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, j'aimais aller...
POTUS BARACK OBAMA: Je jouais de la musique pour elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Et je pense que ces bonheurs-là étaient, de la même façon que... Pendant longtemps, les hommes ne pouvaient pas voir l'accouchement, non ? Comme si c'était tabou.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui, ils ne te laissaient pas entrer.
POTUS BARACK OBAMA: J'ai complètement adoré, et le timing était parfait lorsque Malia est née. C'est un bébé du 04 juillet.
[Le piano s'estompe]
BRUCE SPRINGSTEEN: Wow.
POTUS BARACK OBAMA: La législature était terminée. J'étais déjà élu au Sénat de l’État (1) à ce moment-là. J'avais terminé mon école de Droit. J'enseignais le Droit. Je pouvais mettre de côté ma pratique du Droit. J'avais donc tout le temps pour m'y complaire.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est bien.
POTUS BARACK OBAMA: Et puis Sasha est née. C'était un bébé de l'été, la même chose. Après, il y a une chose sur laquelle je devais me battre, et Michelle m'a mis au défi. Et ce défi de la paternité pour moi, c'était que la nature de mon travail était éreintant, il étouffait tout le reste, et j'étais souvent parti sur la route. Pour moi, l'investissement émotionnel dans la paternité n'a jamais été difficile. Il n'y a rien que j'aimais plus que traîner avec mes enfants. Les écouter alors qu'elles grandissaient, qu'elles commençaient à avoir leur propre petite perspective et leur découverte du monde.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: [rires] La redécouverte de l'émerveillement qu'elles apportent avec elles. Regarder une feuille... ou un escargot....
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Ou poser des questions sur pourquoi ceci et pourquoi cela.
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: Toutes ces choses-là. Et j'aimais les livres d'enfants, j'aimais les films pour enfants. J'étais à fond dedans.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais ce que j'allais dire, en fait, c'est que lorsque l'été était terminé, finalement, je devais descendre au Sénat à Springfield, Illinois, à trois heures de route en voiture. Et lorsque je revenais, j'avais des réunions en mairie.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et j'ai... Et puis, je me présente aux élections, et puis tu sais... Je partais cinq jours d'affilée. Et du point de vue de Michelle, la famille n'était pas qu'une question d'amour, ce n'était pas qu'une question d'être présent lorsque tu es là. Pour elle, il s'agissait d'être physiquement présent, car tu as fait des choix et que tu as organisé ta vie pour être encore plus souvent avec ta famille.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord. Tu as donc eu tes enfants assez jeune dans ta vie professionnelle.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord, moi j'ai eu mes enfants relativement tard dans ma carrière.
POTUS BARACK OBAMA: Tu étais suffisamment bien établi, tu pouvais déterminer ton propre calendrier.
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: Tu te disais que si tu ne voulais pas partir en tournée maintenant, tu n'avais pas à partir.
BRUCE SPRINGSTEEN: J'étais déjà arrivé au sommet de la montagne et même de l'autre côté. Tu comprends ?
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je me disais... J'ai eu un certain succès que je n'allais plus retrouver et que je n'attendais pas à avoir à nouveau, que je ne cherchais pas à retrouver. J'étais heureux à présent, j'étais un musicien qui travaillait, qui jouait, et j'avais réellement mis tout ça de côté, avant même que Patti et moi soyons ensemble.
POTUS BARACK OBAMA: C'est intéressant. Oui, ça a du sens.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui. J'étais arrivé à un moment de ma vie où ma relation, et la famille, étaient devenues une priorité, et je pouvais m'y consacrer parce que j'en étais là où j'étais dans ma carrière.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et puis, tu es un musicien... Les musiciens définissent leur propre calendrier lorsqu'ils ont un certain succès.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu te lèves quand tu veux. Tu vas en studio quand tu veux. Tu sors ton disque quand tu veux. Tu vas où tu veux. Tu rentres à la maison quand tu veux. Tu peux dire, « Je vais partir trois jours, je vais partir trois mois ». Mais tu sais que si je pars trois mois, quand je rentre, je dois m'expliquer.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Quand je pars trois jours, tout va bien quand je rentre. Il vaut mieux commencer par partir trois jours !
POTUS BARACK OBAMA: C'est un meilleur choix.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous sommes arrivés à la conclusion, du style, « A chaque fois que tu pars plus de trois semaines, c'est pas bien ». Mais pour un musicien en tournée, ce n'est pas beaucoup. Mais ce que nous savions tous les deux, c'était que lorsque nous dépassions un certain point, ce n'était pas bénéfique pour notre couple.
POTUS BARACK OBAMA: Mhmm.
BRUCE SPRINGSTEEN: Nous avons commencé... oups... à vivre des vies séparées. Tout ce qui contribuait à maintenir... à améliorer la stabilité, je souhaitais l'intégrer dans ma vie. Je ne voulais plus des choses qui déstabilisaient ma vie, je n'en voulais plus dans ma vie, parce qu'elles m'empoisonneront.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et elles empoisonneront mon magnifique amour, tu vois ? Et nous avons donc patiemment résolu ensemble ces choses-là.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et tu sais qu'en faisant des erreurs... Et tu es le roi sur la route. Tout le monde veut te dire, « Oui ! ».
POTUS BARACK OBAMA: Et tu n'es pas le roi dans ton royaume.
BRUCE SPRINGSTEEN: Non. Sur la route, c'est « Comment puis-je t'être utile ? »
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: « Que puis-je faire pour te rendre plus heureux ? Que puis-je donner ? Oh ! Quoi... Ma maison ! Là voilà, prends-là ! Ma copine – Prends ma copine ! » Tu vois... [rires] C'est comme si tout le monde se disait, « Que puis-je donner à l'homme qui écrit des chansons que tout le monde chante ? » [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu es là, et tu te dis, « Ah, ahh, ce n'est pas si mal... Qu'est-ce que tu en sais ! » Mais quand tu rentres, tu n'es plus le roi.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu es le chauffeur ! Tu es le cuisinier le matin. Et le truc, c'est que tu dois être à ta place dans ta vie.
POTUS BARACK OBAMA: Ce dont tu parles, de ton calendrier, et de là où tu en es dans ta carrière, c'est une différence avec moi. Parce que nous avons les enfants, et en l'espace de deux ou trois ans, je suis soudainement catapulté. Sasha avait... Lorsque je me présente au Sénat, Sasha n'a que 3 ans.
BRUCE SPRINGSTEEN: Wow.
POTUS BARACK OBAMA: Lorsque je suis intronisé au Sénat américain, Sasha a 4 ans et Malia 8. Quelque chose comme ça. Trois ans plus tard, je suis président des États-Unis d'Amérique, et dans l'intérim, pendant une année et demi, je suis sur la route, pas pour trois semaines d'affilée mais pour...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: ...la plupart du temps.
[La guitare électrique joue en fond]
[Archive de campagne du Sénateur Obama s'adressant à une foule: « Regardez, regardez-vous tous. Regardez-vous tous ! (applaudissements) Mon Dieu]
POTUS BARACK OBAMA: Et c'était dur.
[Archive de campagne du Sénateur Obama s'adressant à une foule: « Nous avons deux autres types par ici... Ce sont les forces vives de cette campagne. Les volontaires comme vous...]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, le poids que j'ai mis sur Michelle était énorme.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
[La guitare électrique joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: Parce qu'elle était calme. Ce n'est pas comme si je ramenais beaucoup d'argent à la maison, ce qui lui aurait permis de souffler un peu. Elle continuait à travailler, à plein temps au départ, et puis à mi-temps quand j'ai commencé la campagne présidentielle. Voilà une femme intelligente et accomplie, avec sa propre carrière, qui doit à présent s'ajuster à mes folles ambitions.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu le sais...
POTUS BARACK OBAMA: Mes filles me manquaient terriblement. Les six premiers mois où je fais campagne, je suis malheureux, parce que ma famille me manque vraiment. Et ce n'est que grâce à la capacité héroïque de Michelle à tout organiser à la maison et à l'incroyable cadeau de mes filles qui aimaient leur père quoi qu'il en soit, que nous avons traversé cette période-là.
[La guitare électrique s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Ce que je n'avais pas anticipé, c'est le fait de pouvoir passer plus de temps avec mes enfants une fois Président.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Parce que maintenant, j'habite au-dessus du magasin.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est exact [rires]
POTUS BARACK OBAMA: 30 secondes de trajet entre chez moi et le bureau. Et j'ai donc défini des règles : je dîne avec ma famille à 18 heures 30 chaque soir, à moins d'être en voyage. Mais mon agenda était très différent, parce qu'à partir de ce moment-là, ce sont les autres qui se déplacent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Et donc, à moins d'être à l'étranger, je suis à la maison à 18 heures 30 pour le dîner.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et je suis donc assis là et je suis complètement absorbé par les histoires sur les garçons ennuyants et les professeurs bizarres et le drame à la cafétéria, lisant Harry Potter et les bordant et écoutant la musique qu'elles écoutaient.
[La guitare joue en fond]
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui !
POTUS BARACK OBAMA: Et c'était ma ligne de vie. Avec une activité où tu jongles quotidiennement entre le désordre, le chaos, les crises, la mort, la destruction...
BRUCE SPRINGSTEEN: Que Dieu bénisse...
POTUS BARACK OBAMA: ...les catastrophes naturelles. Et je dis toujours que le degré avec lequel Michelle et les filles se sont sacrifiées et m'ont portées, m'a permis de continuer à...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
[La guitare joue en fond]
POTUS BARACK OBAMA: ...à m'empêcher, soit de devenir cynique ou soit désespéré. Elles me rappelaient la raison pour laquelle je faisais ce que je faisais.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Et elles m'ont poussées parce que ce que j'ai accompli, ce job, ce travail, il avait intérêt à valoir le coup...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Il fallait que ça justifie le temps que j'ai passé loin d'elle et les fêtes d'anniversaire ou les parties de foot ou tout ce que j'ai manqué. Tu sais, il y avait intérêt à ce que ce ne soit pas pour rien.
[La guitare s'estompe]
[PAUSE]
****
POTUS BARACK OBAMA: Que penses-tu avoir appris en étant père ? Nous avons un peu parlé du rôle de mari, mais...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je sais que c'était dur d'être Président, mais laisse-moi t'expliquer comme c'est dur de faire un album [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C'est très dur de faire un album.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est une blague stupide.
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Écoute, faire un album...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je t'ai eu pendant une minute. Je t'ai senti partir pendant une minute !
POTUS BARACK OBAMA: Faire un album, c'est très dur !
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais parfois, il semble qu'on s'amuse un peu.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je pense aussi.
POTUS BARACK OBAMA: Un petit peu plus amusant. Qu'as-tu appris en étant père ?
BRUCE SPRINGSTEEN: En étant père... La chose la plus dure que j'ai eu à apprendre, c'était de rester tranquille. J'avais des habitudes que je ne voulais pas abandonner. Des vieilles habitudes de musicien. Il s'agissait surtout de mon agenda, que j'aimais suivre. J'aimais rester debout jusqu'à 3 ou 4 heures du matin, me lever à midi.
Et pendant les sept premières années de nos enfants, Patti a été... Elle me laissait faire. J'y arrivais, parce que les enfants étaient encore bébés, je m'en occupais donc la nuit.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: S'ils pleuraient la nuit ou quelque chose de ce genre, j'étais réveillé. Et puis au petit matin, pendant ma grasse matinée, elle prenait le relais. Mais en grandissant, il y avait beaucoup plus de travail le matin que la nuit.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'aimais plutôt ça. Et puis, elle est simplement venue me voir un jour et m'a dit, « Tu sais, tu n'es pas obligé de te lever. Mais si tu ne te lèves pas, c'est quelque chose qui te manquera ». Je lui ai répondu, « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Et bien, les enfants sont sous leur meilleur jour le matin, c'est là où ils sont magnifiques. C'est lorsqu'ils se réveillent d'une nuit de rêves. C'est là qu'ils sont les plus beaux le matin et tu ne le verras jamais ». Ok, donc je me dis que je ne veux pas manquer ça [rires] Tu vois ?
Je lui ai donc dit, « Qu'est-ce que je vais faire ? » Elle m'a dit, « Tu vas faire le petit-déjeuner ». J'ai répondu, « Je ne sais rien faire [rires] Je sais seulement gratter cette satanée guitare » [rires] Essaye de me mettre n'importe où ailleurs et je suis bon à rien. Elle me dit, « Et bien, tu vas apprendre ». Je suis devenu assez bon. Je suis devenu assez bon avec les œufs. Je suis devenu assez bon avec... Comme je dis, je suis devenu un bon petit cuisinier. Si je devais trouver un boulot quelque part un jour, dans n'importe quelle cafétéria, de six heures à midi, je m'en sortirais.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Tu sais... Et elle avait raison à propos des enfants. Si je les voyais le matin, c'était quasiment comme si je les avais vu toute la journée. Et si je les avais manqué le matin, je ne pouvais pas rattraper le temps perdu étrangement. C'était dans l'immédiateté.
Mais premièrement, je n'étais pas mon père, je n'avais pas à poursuivre ces fantômes ou à m'en m'inquiéter. C'était du passé. Et deuxièmement, c'est être présent dans ce monde, où que tu sois, à n'importe quel moment. Être présent dans leurs vies. J'avais l'habitude de me dire que... Si quelqu'un m'interrompait lorsque que j'écrivais, « C'est quoi, c'est quoi ce bordel ! Tu ne te rends pas compte des grandes pensées que j'ai en tête, là maintenant ? »
POTUS BARACK OBAMA: [rires] « C'est peut-être la plus grande chanson Américaine jamais écrite »
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] « C'est une probabilité ! »
POTUS BARACK OBAMA: « Tu n'avais pas à entrer ici »
BRUCE SPRINGSTEEN: « Je suis... Je suis... » J'ai donc commencé par là.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Et où j'ai fini par réaliser, « Oh attends, attends... Les chansons, oui, oui. Une bonne chanson est là pour toujours. La musique est présente dans ma vie pour toujours. Les enfants - partent ».
POTUS BARACK OBAMA: Ils grandissent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ce sont donc ces premières choses que j'ai comprises sur la paternité.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, mec.
BRUCE SPRINGSTEEN: Je sais que c'était dur d'être Président, mais laisse-moi t'expliquer comme c'est dur de faire un album [rires]
POTUS BARACK OBAMA: C'est très dur de faire un album.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est une blague stupide.
ENSEMBLE: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Écoute, faire un album...
BRUCE SPRINGSTEEN: Je t'ai eu pendant une minute. Je t'ai senti partir pendant une minute !
POTUS BARACK OBAMA: Faire un album, c'est très dur !
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Mais parfois, il semble qu'on s'amuse un peu.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Je pense aussi.
POTUS BARACK OBAMA: Un petit peu plus amusant. Qu'as-tu appris en étant père ?
BRUCE SPRINGSTEEN: En étant père... La chose la plus dure que j'ai eu à apprendre, c'était de rester tranquille. J'avais des habitudes que je ne voulais pas abandonner. Des vieilles habitudes de musicien. Il s'agissait surtout de mon agenda, que j'aimais suivre. J'aimais rester debout jusqu'à 3 ou 4 heures du matin, me lever à midi.
Et pendant les sept premières années de nos enfants, Patti a été... Elle me laissait faire. J'y arrivais, parce que les enfants étaient encore bébés, je m'en occupais donc la nuit.
POTUS BARACK OBAMA: D'accord.
BRUCE SPRINGSTEEN: S'ils pleuraient la nuit ou quelque chose de ce genre, j'étais réveillé. Et puis au petit matin, pendant ma grasse matinée, elle prenait le relais. Mais en grandissant, il y avait beaucoup plus de travail le matin que la nuit.
ENSEMBLE: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: Et j'aimais plutôt ça. Et puis, elle est simplement venue me voir un jour et m'a dit, « Tu sais, tu n'es pas obligé de te lever. Mais si tu ne te lèves pas, c'est quelque chose qui te manquera ». Je lui ai répondu, « Qu'est-ce que tu veux dire ? »
« Et bien, les enfants sont sous leur meilleur jour le matin, c'est là où ils sont magnifiques. C'est lorsqu'ils se réveillent d'une nuit de rêves. C'est là qu'ils sont les plus beaux le matin et tu ne le verras jamais ». Ok, donc je me dis que je ne veux pas manquer ça [rires] Tu vois ?
Je lui ai donc dit, « Qu'est-ce que je vais faire ? » Elle m'a dit, « Tu vas faire le petit-déjeuner ». J'ai répondu, « Je ne sais rien faire [rires] Je sais seulement gratter cette satanée guitare » [rires] Essaye de me mettre n'importe où ailleurs et je suis bon à rien. Elle me dit, « Et bien, tu vas apprendre ». Je suis devenu assez bon. Je suis devenu assez bon avec les œufs. Je suis devenu assez bon avec... Comme je dis, je suis devenu un bon petit cuisinier. Si je devais trouver un boulot quelque part un jour, dans n'importe quelle cafétéria, de six heures à midi, je m'en sortirais.
POTUS BARACK OBAMA: [rires]
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Tu sais... Et elle avait raison à propos des enfants. Si je les voyais le matin, c'était quasiment comme si je les avais vu toute la journée. Et si je les avais manqué le matin, je ne pouvais pas rattraper le temps perdu étrangement. C'était dans l'immédiateté.
Mais premièrement, je n'étais pas mon père, je n'avais pas à poursuivre ces fantômes ou à m'en m'inquiéter. C'était du passé. Et deuxièmement, c'est être présent dans ce monde, où que tu sois, à n'importe quel moment. Être présent dans leurs vies. J'avais l'habitude de me dire que... Si quelqu'un m'interrompait lorsque que j'écrivais, « C'est quoi, c'est quoi ce bordel ! Tu ne te rends pas compte des grandes pensées que j'ai en tête, là maintenant ? »
POTUS BARACK OBAMA: [rires] « C'est peut-être la plus grande chanson Américaine jamais écrite »
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] « C'est une probabilité ! »
POTUS BARACK OBAMA: « Tu n'avais pas à entrer ici »
BRUCE SPRINGSTEEN: « Je suis... Je suis... » J'ai donc commencé par là.
POTUS BARACK OBAMA: Oui.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires] Et où j'ai fini par réaliser, « Oh attends, attends... Les chansons, oui, oui. Une bonne chanson est là pour toujours. La musique est présente dans ma vie pour toujours. Les enfants - partent ».
POTUS BARACK OBAMA: Ils grandissent.
BRUCE SPRINGSTEEN: Ce sont donc ces premières choses que j'ai comprises sur la paternité.
POTUS BARACK OBAMA: Oui, mec.
BRUCE SPRINGSTEEN: Et toi ? Quelle est la plus grande leçon que tu as apprise en étant père ?
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais... Michelle a compris bien avant moi que les enfants sont comme des plantes. Ils ont besoin de soleil, de terre, d'eau, mais certains sont des chênes, certains sont des pins, d'autres des saules et certains sont des bambous.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ces graines, leur personnalité, et leur cadence, et la façon dont ils vont éclore est juste unique, et leur rythme leur appartient. Je pense que je l'ai compris avec Malia et Sasha qu'il existait une façon de faire les choses, et Michelle l'avait compris avant moi, mais j'ai fini par apprendre que chacune est magique à sa façon. Elles étaient... Une graine va germer quand elle va germer [rires] Et une fleur va éclore quand elle va éclore.
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: Et tu ne fais qu'accompagner cette éclosion, cet envol de leur personnalité, en étant à l'aise avec cette découverte, à l'opposé de sentiments où tu aurais... Comme si c'était un projet, tu vois ? Et parfois tu regardes, il y a une expression aujourd'hui, « parent hélicoptère », non ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Mais cette idée de te dire, « Ok, je l'aborde de la même façon que j'aborderais un PowerPoint [rires], un projet dont je dois vérifier chaque case... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: « Je dois être... Lorsque mes enfants feront ceci, je ferais cela »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et lorsqu'ils feront ceci... » Juste y penser, plutôt que de leur balancer des trucs, juste être avec eux, jouer avec eux, leur apprendre des valeurs. Tu sais... Nous étions bons pour dire aux filles des choses, du genre, « Nous n'allons pas t'embêter pour tes passages de niveau... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: « Mais nous allons t'embêter si tu ne fais pas les efforts nécessaires »
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: « Nous n'allons pas... Nous n'allons pas te donner du fil à retordre quand tu feras une erreur, mais nous allons te donner du fil à retordre si tu mens après avoir fait une erreur... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ou... « Si tu as maltraité quelqu'un... » D'accord ? Tu vois, tu poses quelques barrières de sécurité autour...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: ...autour d'elles en terme de valeurs, mais sinon... Et je pense que c'était particulièrement important, parce qu'elles ont grandi à la Maison Blanche, elles avaient bien assez d'attentes et assez d'yeux rivés sur elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mon Dieu [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, le Secret Service (3) les suivaient partout.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mon Dieu, à cet âge-là aussi ?
POTUS BARACK OBAMA: Je me souviens... Ah lorsque Malia ou Sasha avaient un anniversaire, le Secret Service devait aller dans la maison de la famille qui invitait.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.
POTUS BARACK OBAMA: Et tout vérifier.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et les pauvres parents, tu imagines. Nous faisions connaissance avec les parents, et nous leur disions, « Désolé pour l'intrusion ». Et lorsqu'elles allaient au centre commercial ou au cinéma, elles avaient quelqu'un...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.
POTUS BARACK OBAMA: ...qui marchait derrière elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Elles ont géré ça avec tant de grâce.
POTUS BARACK OBAMA: C'est exact ! Et donc, étant donné le contexte, la dernière chose que je voulais faire, c'était de leur infliger l'idée qu'elles devaient être quelqu'un.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Plutôt qu'être elles-mêmes, tout simplement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et je vois aujourd'hui cette assurance chez Malia et Sasha - dans leurs relations, elles ne vont pas se recroqueviller ou se taire, juste parce qu'elles craindraient qu'un garçon ne le supporte pas. Leur attitude est plutôt du genre, « Oui, je suis comme ça. Et si ça ne te convient pas, on passe à autre chose ».
Dans notre société, trop souvent, on attend que ce soit la femme qui s'adapte. Et une des choses que je dis à mes amis plus jeunes, lorsqu'ils cherchent un conseil en matière de relations, c'est : « Écoute, être avec une femme forte et accomplie, qui sait ce qu'elle veut, et qui ne se voit pas juste comme une extension de toi, qui a ses propres ambitions, ses propres rêves, te demandera peut-être beaucoup plus d'efforts. Mais quand je vois mes filles aujourd'hui qui, avec la figure maternelle qu'elles ont eue, sont autonomes, indépendantes et solides, et qui ne s'autoriseront jamais à se mettre dans une situation où on pourrait profiter d'elles, parce que ce n'est pas ainsi qu'elles se voient en tant que femme, et bien je me dis que cet effort vaut le coup ».
Et d'ailleurs, j'ai appris avec Michelle ce qu'il fallait que je fasse pour que notre couple fonctionne, à partir du moment où j'ai vu grandir Malia et Sasha, parce qu'elles t'observent tout le temps. Elles voient la façon dont tu traites maman. Comment tu te comportes à la maison. Est-ce que tu lui laisses les corvées ou est-ce que tu participes ? Est-ce que tu respectes son temps à elle, ou est-ce que tu vaques à tes occupations et que tu l'obliges à s'adapter à toi ? Et parfois, quand je tâche de m'évaluer en tant que mari et père, je constate que j'ai encore tendance à retomber dans ces attitudes-là, et qui correspondent au cliché viril.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est juste.
POTUS BARACK OBAMA: Et si j'avais eu un garçon, je pense que j'aurais été plus dur avec lui d'une certaine façon, et je me posais la question avec tes garçons, dans quelle mesure il fallait que tu sois conscient de cette différence-là.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu sais, j'ai appris que le mot important à la maison, c'était, « Non ». « Nous ne sortons pas de notre zone de confort. Nous ne parlons pas de nos sentiments de cette façon-là. Nous ne pleurons pas sur ces choses-là » Et j'ai réalisé très tôt que j'avais appris à mon fils aîné à dire non aux choses, aux choses dont il avait besoin. Et il était assez jeune, je me souviens lui parler... Il devait avoir 8 ou 9 ans, il était encore très jeune.
Je me souviens aller dans sa chambre un jour et lui dire, « Evan, je pense que je ne t'ai pas appris la bonne leçon, et j'aimerais m'excuser auprès de toi. Je pense que je t'ai appris à ne pas avoir besoin de moi, parce que j'avais peur des conséquences en tant que père. Et j'ai vraiment besoin de m'excuser pour ça, et j'ai besoin de te dire que j'ai besoin de toi. J'ai tant besoin de toi dans ma vie. De tout mon cœur, comme fils... Je voudrais essayer de me connecter à toi d'une manière différente de celle d'aujourd'hui ». Tu vois ? Et j'ai réalisé qu'il me faudrait beaucoup travailler.
Et donc lorsque je travaillais, plutôt que de dire, « Oh, je suis occupé avec mes grandioses pensées, je ne veux pas être dérangé... »
[La guitare électrique joue]
Je m'arrêtais à chaque fois qu'il entrait, ou à chaque fois qu'un des enfants entrait dans la pièce. J’arrêtais de travailler. La seule façon de leur apprendre que « non » n'était pas une réponse, a été de commencer à leur dire, « Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. » Encore et encore et encore.
[La guitare électrique s'estompe]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais... Michelle a compris bien avant moi que les enfants sont comme des plantes. Ils ont besoin de soleil, de terre, d'eau, mais certains sont des chênes, certains sont des pins, d'autres des saules et certains sont des bambous.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ces graines, leur personnalité, et leur cadence, et la façon dont ils vont éclore est juste unique, et leur rythme leur appartient. Je pense que je l'ai compris avec Malia et Sasha qu'il existait une façon de faire les choses, et Michelle l'avait compris avant moi, mais j'ai fini par apprendre que chacune est magique à sa façon. Elles étaient... Une graine va germer quand elle va germer [rires] Et une fleur va éclore quand elle va éclore.
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: Et tu ne fais qu'accompagner cette éclosion, cet envol de leur personnalité, en étant à l'aise avec cette découverte, à l'opposé de sentiments où tu aurais... Comme si c'était un projet, tu vois ? Et parfois tu regardes, il y a une expression aujourd'hui, « parent hélicoptère », non ?
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: Mais cette idée de te dire, « Ok, je l'aborde de la même façon que j'aborderais un PowerPoint [rires], un projet dont je dois vérifier chaque case... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Juste.
POTUS BARACK OBAMA: « Je dois être... Lorsque mes enfants feront ceci, je ferais cela »
BRUCE SPRINGSTEEN: Oui.
POTUS BARACK OBAMA: « Et lorsqu'ils feront ceci... » Juste y penser, plutôt que de leur balancer des trucs, juste être avec eux, jouer avec eux, leur apprendre des valeurs. Tu sais... Nous étions bons pour dire aux filles des choses, du genre, « Nous n'allons pas t'embêter pour tes passages de niveau... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Exactement.
POTUS BARACK OBAMA: « Mais nous allons t'embêter si tu ne fais pas les efforts nécessaires »
BRUCE SPRINGSTEEN: Absolument.
POTUS BARACK OBAMA: « Nous n'allons pas... Nous n'allons pas te donner du fil à retordre quand tu feras une erreur, mais nous allons te donner du fil à retordre si tu mens après avoir fait une erreur... »
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Ou... « Si tu as maltraité quelqu'un... » D'accord ? Tu vois, tu poses quelques barrières de sécurité autour...
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: ...autour d'elles en terme de valeurs, mais sinon... Et je pense que c'était particulièrement important, parce qu'elles ont grandi à la Maison Blanche, elles avaient bien assez d'attentes et assez d'yeux rivés sur elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mon Dieu [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Tu sais, le Secret Service (3) les suivaient partout.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mon Dieu, à cet âge-là aussi ?
POTUS BARACK OBAMA: Je me souviens... Ah lorsque Malia ou Sasha avaient un anniversaire, le Secret Service devait aller dans la maison de la famille qui invitait.
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.
POTUS BARACK OBAMA: Et tout vérifier.
BRUCE SPRINGSTEEN: [rires]
POTUS BARACK OBAMA: Et les pauvres parents, tu imagines. Nous faisions connaissance avec les parents, et nous leur disions, « Désolé pour l'intrusion ». Et lorsqu'elles allaient au centre commercial ou au cinéma, elles avaient quelqu'un...
BRUCE SPRINGSTEEN: Oh mec.
POTUS BARACK OBAMA: ...qui marchait derrière elles.
BRUCE SPRINGSTEEN: Elles ont géré ça avec tant de grâce.
POTUS BARACK OBAMA: C'est exact ! Et donc, étant donné le contexte, la dernière chose que je voulais faire, c'était de leur infliger l'idée qu'elles devaient être quelqu'un.
BRUCE SPRINGSTEEN: D'accord.
POTUS BARACK OBAMA: Plutôt qu'être elles-mêmes, tout simplement.
BRUCE SPRINGSTEEN: Mhmm.
POTUS BARACK OBAMA: Et je vois aujourd'hui cette assurance chez Malia et Sasha - dans leurs relations, elles ne vont pas se recroqueviller ou se taire, juste parce qu'elles craindraient qu'un garçon ne le supporte pas. Leur attitude est plutôt du genre, « Oui, je suis comme ça. Et si ça ne te convient pas, on passe à autre chose ».
Dans notre société, trop souvent, on attend que ce soit la femme qui s'adapte. Et une des choses que je dis à mes amis plus jeunes, lorsqu'ils cherchent un conseil en matière de relations, c'est : « Écoute, être avec une femme forte et accomplie, qui sait ce qu'elle veut, et qui ne se voit pas juste comme une extension de toi, qui a ses propres ambitions, ses propres rêves, te demandera peut-être beaucoup plus d'efforts. Mais quand je vois mes filles aujourd'hui qui, avec la figure maternelle qu'elles ont eue, sont autonomes, indépendantes et solides, et qui ne s'autoriseront jamais à se mettre dans une situation où on pourrait profiter d'elles, parce que ce n'est pas ainsi qu'elles se voient en tant que femme, et bien je me dis que cet effort vaut le coup ».
Et d'ailleurs, j'ai appris avec Michelle ce qu'il fallait que je fasse pour que notre couple fonctionne, à partir du moment où j'ai vu grandir Malia et Sasha, parce qu'elles t'observent tout le temps. Elles voient la façon dont tu traites maman. Comment tu te comportes à la maison. Est-ce que tu lui laisses les corvées ou est-ce que tu participes ? Est-ce que tu respectes son temps à elle, ou est-ce que tu vaques à tes occupations et que tu l'obliges à s'adapter à toi ? Et parfois, quand je tâche de m'évaluer en tant que mari et père, je constate que j'ai encore tendance à retomber dans ces attitudes-là, et qui correspondent au cliché viril.
BRUCE SPRINGSTEEN: C'est juste.
POTUS BARACK OBAMA: Et si j'avais eu un garçon, je pense que j'aurais été plus dur avec lui d'une certaine façon, et je me posais la question avec tes garçons, dans quelle mesure il fallait que tu sois conscient de cette différence-là.
BRUCE SPRINGSTEEN: Tu sais, j'ai appris que le mot important à la maison, c'était, « Non ». « Nous ne sortons pas de notre zone de confort. Nous ne parlons pas de nos sentiments de cette façon-là. Nous ne pleurons pas sur ces choses-là » Et j'ai réalisé très tôt que j'avais appris à mon fils aîné à dire non aux choses, aux choses dont il avait besoin. Et il était assez jeune, je me souviens lui parler... Il devait avoir 8 ou 9 ans, il était encore très jeune.
Je me souviens aller dans sa chambre un jour et lui dire, « Evan, je pense que je ne t'ai pas appris la bonne leçon, et j'aimerais m'excuser auprès de toi. Je pense que je t'ai appris à ne pas avoir besoin de moi, parce que j'avais peur des conséquences en tant que père. Et j'ai vraiment besoin de m'excuser pour ça, et j'ai besoin de te dire que j'ai besoin de toi. J'ai tant besoin de toi dans ma vie. De tout mon cœur, comme fils... Je voudrais essayer de me connecter à toi d'une manière différente de celle d'aujourd'hui ». Tu vois ? Et j'ai réalisé qu'il me faudrait beaucoup travailler.
Et donc lorsque je travaillais, plutôt que de dire, « Oh, je suis occupé avec mes grandioses pensées, je ne veux pas être dérangé... »
[La guitare électrique joue]
Je m'arrêtais à chaque fois qu'il entrait, ou à chaque fois qu'un des enfants entrait dans la pièce. J’arrêtais de travailler. La seule façon de leur apprendre que « non » n'était pas une réponse, a été de commencer à leur dire, « Oui. Oui. Oui. Oui. Oui. » Encore et encore et encore.
[La guitare électrique s'estompe]
****
NOTES
(1) Diplômé en 1983 de l'Université de Columbia (New York), Barack Obama devient organisateur communautaire à Chicago (Illinois) jusqu'en 1988, avant d'être accepté à l'Université de Droit d'Harvard (Massachusetts). À la fin de ses études en 1991, il revient à Chicago pour devenir enseignant en Droit constitutionnel à l'université de Chicago - où il y travaille jusqu'en 2004 - et entre parallèlement en 1993 dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques, jusqu'en 2004. En marge de sa carrière professionnelle, il est élu en 1996 au Sénat de l'Illinois, avant d'être élu en 2004 au Sénat des États-Unis, puis président des États-Unis en 2007 et 2012.
(2) Un catch-22 est une situation paradoxale à laquelle un individu ne peut échapper en raison de règles ou de limitations contradictoires. Le terme a été inventé en 1961 par Joseph Heller, qui l'a utilisé dans son roman Catch-22.
(3) L’United States Secret Service est une agence gouvernementale dépendante du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, qui a pour mission de lutter contre la fraude financière et d'assurer la protection du président des États-Unis, du vice-président, et de leur famille.
Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 29 mars 2021.
(1) Diplômé en 1983 de l'Université de Columbia (New York), Barack Obama devient organisateur communautaire à Chicago (Illinois) jusqu'en 1988, avant d'être accepté à l'Université de Droit d'Harvard (Massachusetts). À la fin de ses études en 1991, il revient à Chicago pour devenir enseignant en Droit constitutionnel à l'université de Chicago - où il y travaille jusqu'en 2004 - et entre parallèlement en 1993 dans un cabinet juridique spécialisé dans la défense des droits civiques, jusqu'en 2004. En marge de sa carrière professionnelle, il est élu en 1996 au Sénat de l'Illinois, avant d'être élu en 2004 au Sénat des États-Unis, puis président des États-Unis en 2007 et 2012.
(2) Un catch-22 est une situation paradoxale à laquelle un individu ne peut échapper en raison de règles ou de limitations contradictoires. Le terme a été inventé en 1961 par Joseph Heller, qui l'a utilisé dans son roman Catch-22.
(3) L’United States Secret Service est une agence gouvernementale dépendante du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, qui a pour mission de lutter contre la fraude financière et d'assurer la protection du président des États-Unis, du vice-président, et de leur famille.
Cet épisode a été diffusé pour la première fois le 29 mars 2021.
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Renegades: Born in the U.S.A. is a Spotify Original
Presented and produced by Higher Ground Audio in collaboration with Dustlight Productions.
From Higher Ground Audio: Dan Fierman, Anna Holmes, Mukta Mohan, and Joe Paulsen are executive producers.
Carolyn Lipka and Adam Sachs are consulting producers.
Janae Marable is our Editorial Assistant.
From Dustlight Productions: Misha Euceph and Arwen Nicks are executive producers.
Elizabeth Nakano, Mary Knauf and Tamika Adams are producers. Mary Knauf is also editor.
Andrew Eapen is our composer and mix engineer.
Rainier Harris is our apprentice.
Transcriptions by David Rodrigruez.
Special thanks to Rachael Garcia, the Dustlight development and operations coordinator.
Daniel Ek, Dawn Ostroff and Courtney Holt are executive producers for Spotify.
Gimlet and Lydia Polgreen are consulting producers.
Music Supervision by Search Party Music.
From the Great State of New Jersey, special thanks to: Jon Landau, Thom Zimny, Rob Lebret, Rob DeMartin, and Barbara Carr.
We also want to thank: Adrienne Gerard, Marilyn Laverty, Tracy Nurse, Greg Linn and Betsy Whitney.
And a special thanks to Patti Scialfa for her encouragement and inspiration.
And to Evan, Jess and Sam Springsteen.
From the District of Columbia, thanks to: Kristina Schake, MacKenzie Smith, Katie Hill, Eric Schultz, Caroline Adler Morales, Merone Hailemeskel, Alex Platkin, Kristin Bartoloni and Cody Keenan.
And a special thanks to Michelle, Malia and Sasha Obama.
This is Renegades: Born in the U.S.A.
ANNA HOLMES: And thanks again to our sponsors Dollar Shave Club and Comcast.
Presented and produced by Higher Ground Audio in collaboration with Dustlight Productions.
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Elizabeth Nakano, Mary Knauf and Tamika Adams are producers. Mary Knauf is also editor.
Andrew Eapen is our composer and mix engineer.
Rainier Harris is our apprentice.
Transcriptions by David Rodrigruez.
Special thanks to Rachael Garcia, the Dustlight development and operations coordinator.
Daniel Ek, Dawn Ostroff and Courtney Holt are executive producers for Spotify.
Gimlet and Lydia Polgreen are consulting producers.
Music Supervision by Search Party Music.
From the Great State of New Jersey, special thanks to: Jon Landau, Thom Zimny, Rob Lebret, Rob DeMartin, and Barbara Carr.
We also want to thank: Adrienne Gerard, Marilyn Laverty, Tracy Nurse, Greg Linn and Betsy Whitney.
And a special thanks to Patti Scialfa for her encouragement and inspiration.
And to Evan, Jess and Sam Springsteen.
From the District of Columbia, thanks to: Kristina Schake, MacKenzie Smith, Katie Hill, Eric Schultz, Caroline Adler Morales, Merone Hailemeskel, Alex Platkin, Kristin Bartoloni and Cody Keenan.
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This is Renegades: Born in the U.S.A.
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